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Rédigé par 17 h 12 min Handball, Sport

Handball / Togo : Gaby Ewe, « je devais à la fois réaliser mes rêves et ne pas décevoir mes parents »

Ahouevi info tend aujourd’hui son micro à Gaby Ewé, ancien gardien de but international de Handball du Togo et d’Agaza.

Ahouevi : Gabi Ewé (GE), qui êtes-vous ?

GE : Bonjour les amis sportifs togolais en particulier les handballeurs et les handballeuses du Togo.

Ahouevi : Pouvez-vous vous présenter à nos auditeurs ?

GE : Je suis Gabi Ewé, âgé de 58 ans, marié et père de deux enfants sportifs, domicilié en France plus précisément dans la région du Grand Est non loin de la grande ville de Metz.

Ahouevi : Quelles sont vos occupations actuelles ?

GE : Aujourd’hui je suis enseignant auprès de l’éducation nationale en France. Je suis professeur d’EPS dans un excellent lycée à côté de Metz où j’enseigne la pratique du sport. Parallèlement à cela, j’ai été expert et formateur des gardiens de but au comité départemental de la Moselle pour les filles de 15 et 18 ans, juste avant l’accession au centre de formation. Maintenant, je forme les jeunes gardiens dans le Grand Est dans le club de handball avant leur entrée dans des centres de formation pour passer en professionnel.

Ahouevi : Comment êtes-vous arrivé au handball ?

GE : C’est toute une grande histoire. Effectivement j’étais en classe de 4ème au CEG Tokoin Centre à côté du Lycée de Tokoin donc dans mon quartier. J’ai eu la chance de rencontrer les frères Aduayi dont certains de leurs enfants sont aujourd’hui des arbitres internationaux de handball. Ensemble on avait décidé de monter une équipe de handball au sein du CEG pour faire le championnat scolaire mais on n’avait pas de gardien de but spécifique. Et comme je faisais déjà du football dans le quartier avec un ami , j’ai décidé naturellement d’intégrer les buts de handball et au fur et à mesure qu’on s’entraînait, je progressais et je réalisais de bonnes prestations du coup j’ai pris goût et le handball est devenu mon sport de prédilection, ma passion. Aujourd’hui c’est mon fils Aristide Ewé qui a pris la relève en s’illustrant en équipe de France U21 après avoir été détecté très tôt dès l’âge de 12 ans.

Ahouevi : Quel a été le plus beau souvenir de votre carrière sportive ?

GE : Malheureusement je n’ai pas de meilleurs souvenirs avec le Togo, ni avec mon club Agaza ni en équipe nationale du Togo. C’est plutôt en France au cours de mon premier test pour l’obtention d’un contrat semi-professionnel de handball dans l’équipe première de Dijon en 1988 où j’avais eu ces premières émotions en réalisant un match test quasiment parfait avec 5 arrêts sur 7 m ce qu’on appelle penalty (7 jets de 7m) alors que je n’avais jamais joué en salle ni sur le parquet auparavant. Ce fut effectivement de grands moments d’émotion et le début d’une carrière en France par l’obtention de ma licence de handball en France. J’avais réalisé mon rêve. Le graal c’est d’avoir été 3 fois de suite champion de France universitaire avec l’équipe STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives).

Ahouevi : Quel a été le plus mauvais souvenir de votre carrière sportive ?

GE : Le plus mauvais souvenir de ma carrière c’est effectivement la relégation de la première équipe de Dijon de la première division à la deuxième division en fin d’année 1990. Toute l’année on a été sous pression, les déplacements du weekend pour aborder le championnat devenaient de plus en plus longs, le poids des défaites qui s’enchainaient nous anéantissait dans nos prestations de gardien de but. C’est donc le plus gros et mauvais souvenir concernant ma carrière.

Gaby Ewe et son fils Aristide, actuel portier des U21 de France

Ahouevi : Que pensez-vous du niveau actuel du handball togolais ?

GE : Je dois avouer qu’à chaque retour à Lomé pour les vacances, c’est la déception et l’incompréhension. C’est vraiment une tristesse générale à propos du handball togolais. Le Togo a chuté dans ce domaine. Les pays de la sous-région à qui on faisait peur à l’époque nous ont littéralement dépassé et nous battent facilement aujourd’hui dans les compétitions internationales. On est devenu faible. Les équipes féminines et masculines n’ont plus la même aura ou le même rayonnement dans la sous-région. C’est dommage et ça nous rend triste.

Ahouevi : Quel conseil pouvez-vous donner aux jeunes joueurs et aux autorités ?

GE : C’est facile d’être en France et de vouloir donner des instructions aux gens qui sont restés au pays et qui vivent les réalités au quotidien. Il est bien vrai que le niveau du handball togolais a lamentablement baissé. C’est une évidence et c’est indéniable. Pour moi, Gabi Ewe, il faudra peut-être tout repenser et repanser. C’est donc sur ces deux paramètres qu’il faut reprendre et élaborer des projets de développement dans le domaine de la détection, de la formation, du suivi et avoir des approches plus ou moins européennes en s’inspirant des compétences du pays. Il faudra simplement et surtout être sérieux et savoir où on va c’est à dire donner une ligne directrice vers ce développement.

Ahouevi : Lorsque vous revoyez votre parcours au handball, pensez-vous qu’il y a des choses que vous auriez pu faire autrement ?

GE : Je dirais d’entrée non. Lorsque je regarde mon parcours je me dis que j’ai fait de mon mieux avec ce que j’avais à l’époque le soutien de mes parents qui avaient cru en mon projet de faire du sport de haut niveau. Je m’en suis sorti pas mal quand on voit surtout d’où je viens c’est-à-dire de rien. Il fallait ne plus décevoir les parents et croire en mon rêve qui est de réaliser en partie le sport de haut niveau. Aujourd’hui j’ai mon fils aîné qui fait autrement et mieux que moi. En fait c’est lui qui fait aujourd’hui la continuité, l’enchaînement et qui fait ma fierté et me comble de joie lorsque je le vois garder les buts de l’équipe nationale de France depuis les U16 jusqu’aux U21 (c’est à dire aujourd’hui).

Ahouevi : Le mot de la fin ?

GE : Pour tout vous dire, je tiens à dire un grand merci à ahouevi qui tout le temps vient chercher les témoignages des anciens joueurs togolais qui vivent au ou à l’étranger pour partager leurs expériences et aussi transmettre à la jeune génération le droit de rêver quel que soit leur niveau social. A force de travailler, de croire et de persévérer, je pense qu’on peut toujours réaliser ses rêves. Voilà en gros le témoignage qui me tient à cœur et je tenais à vous faire partager.

Propos recueillis par Tony Dee et retranscrits par Agbo Love

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