Aby Gaye la franco-sénégalaise qui vient d’être sacrée de championne de France 2021 en compagnie de Valériane Ayayi est une joueuse pas comme les autres.
En effet à 25 ans, elle vient de remporter un de ses premiers titres majeurs avec le club français Basket Landes. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est qu’elle est à fond dans le combat pour l’émancipation de la femme, et surtout contre la dépigmentation.
Eprise de justice, passionnée par les études et engagée dans la lutte contre la dépigmentation, la jeune athlète est arrivée au sport dès l’âge de 4 ans. Avec sa taille, 1,82 m à 12 ans, elle n’avait pas le choix et tout le monde la poussait vers de basketball, qu’elle commence à 12 ans.
Peu tentée par le professionnalisme au départ, elle n’y pensait pas du tout, elle s’est vite prise au jeu et surtout avait un moyen à la fois de gagner sa vie et de faire ce qu’elle aime, mais surtout faire passer des messages. En effet, déclare-t-elle, « Je ne me voyais pas juste aller m’entraîner et ne pas faire usage de mon cerveau »
C’est pourquoi après avoir commencé par le Droit, elle l’abandonne pour commencer une formation à Science Po, dans un programme destiné aux sportifs de haut niveau, qu’elle intègre en 2015. Originaire d’une famille très ancrée dans ses racines, elle reste très imprégnée de la culture sénégalaise. « Ça fait partie de mon identité » affirme-t-elle.
Concernant la lutte contre la dépigmentation, c’est un sujet qui lui tient à cœur. De plus, comme 90% des Sénégalais, elle a la peau très foncée et a, étant plus jeune, souvent subi des remarques sur sa couleur de peau. Ce fut une période douloureuse et blessante de sa vie. Mais, elle n’a jamais pensé à décolorer sa peau, sa mère non plus ne s’est jamais dépigmentée la peau, son père en a horreur.
« En grandissant, lorsque je suis retournée au Sénégal en 2017, j’ai entendu beaucoup de choses à propos du colorisme, de la part de personnes vraiment complexées. On m’a directement fait des remarques, on a dit ma mère « Comment tu peux être aussi foncée alors que tu reviens d’Europe ? ». Cela pour moi était un problème. Depuis, elle n’a plus eu qu’un seul désir, combattre ce fléau qui gangrène le Sénégal et l’Afrique. C’est comme ça qu’elle a eu l’idée de créer l’association Terang’Aby qui sensibilise les jeunes filles à travers le sport.
Au Sénégal, Elle a pu entrer en contact avec le collectif Ma noirceur, ma fierté, mon identité ; un collectif de femmes à la peau dite « ébène » qui valorisent leur couleur sur les réseaux sociaux à travers des photos, des conseils.
La première édition du camp de basketball organisé par son association, avait comme objectif d’allier sport et éducation. Une quarantaine de filles de 15 à 18 ans y ont été conviées pendant trois jours. Au menu, entrainement le matin suivi de 1h30 de sensibilisation avec des professionnels de la santé, pour parler de confiance en soi, d’estime de soi, des dangers de la dépigmentation et d’éducation sexuelle. Le soir, c’est le match de basket.
Elle espère qu’avec ce titre de championne de France, les Coupes d’Europe, elle aura encore plus de visibilité et pourra faire mieux apprécier la valeur de la peau noire, et démontrer par l’exemple.
Aujourd’hui, la peau noire est quand même pas mal valorisée. Ça a tendance à tourner un peu au fétichisme mais on voit quand même beaucoup plus de femmes noires à la peau foncée occuper de plus en plus d’espace.