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Rédigé par 14 h 50 min Football, Sport

Football / choix des sélectionneurs africains : compétence, mercenariat ou lobbies ?

« On est toujours mieux chez soi » cet adage est loin d’être une réalité pour les entraineurs africains de football sur le continent. Devant un appel à candidature pour le poste d’entraineur de l’équipe senior de leurs pays ou d’un pays d’Afrique, eh bien,  ils sont battus à plate couture pour la plupart des cas par les expatriés.  Et pourtant ce n’est pas la qualité et le savoir faire qui manquent.

Prestige, complexe, ou quête de l’excellence ?

Qu’est-ce qui motive les fédérations africaines à s’attacher les services des techniciens expatriés au détriment des entraineurs locaux ?

Ils sont nombreux aujourd’hui à confirmer leurs talents sur les bancs de touche des équipes nationales, certains de leur pays et d’autres à l’extérieur.  L’excellent sénégalais Aliou Cissé, l’ivoirien Kamara Ibrahim Kamso, le Malien Mohamed Magassouba, le confirmé ghanéen Kwesi Appiah ou encore Djamel Belmaldi de l’Algérie continuent malgré tout d’écrire l’histoire des coachs africains.

Pourtant, cette minorité visible n’est que l’arbre qui cache la forêt. Beaucoup de techniciens africains peinent encore à exister, ailleurs que dans l’ombre d’expatriés.

Pourquoi cette situation se généralise-t-elle autant jusqu’à devenir presque la règle ? cette forte propension à choisir hors de chez soi pour diriger les sélections nationales, au nom des concepts de performance et d’expérience du haut niveau est-il justifié ?

Quoiqu’il en soit, les chiffres ont la vie dure. Même s’ils sont négligés, leurs résultats parlent en leur faveur. Les fédérations gagneraient à faire un peu plus confiance aux sélectionneurs africains.

Près d’1 CAN sur 2 gagné par des africains (15/32)

En effet, 15 des 32 trophées de la CAN ont été soulevés par des techniciens locaux. Certains l’ont même fait à plusieurs reprises. Le Ghanéen Charles Kumi Gyamfi, premier africain à avoir remporté trois fois le titre (1963, 1965, 1982).

Il y a également l’Egyptien Hassan Shehata (2006, 2008 et 2010) et son compatriote Mahmoud El-Gohary (1998) devenant ainsi le premier à remporter la CAN en tant que joueur, puis sélectionneur. Tout comme le Nigérian Stephen Keshi, en tant que joueur en 1994 et sélectionneur en 2013.

Outre ceux-là les autres ont pour noms Clive Baker (Afrique du Sud, 1996), Yéo Martial (Côte d’Ivoire, 1992), Abdelhamid Kermali (Algérie,1990) ; Abdelmajid Chetali (Tunisie,1978) ; Adolphe Bibanzoulou (Congo Brazzaville, 1972; Mahmoud Mourad Fahmy (Égypte, 1957).

Comme on le voit, les égyptiens sont majoritaires, eux qui sont connus pour faire la part belle à leurs techniciens locaux. La preuve ils totalisent 7 titres africains.

Trop d’intérêts en jeu dans le choix des sélectionneurs

Pourquoi les autres nations ne s’en inspirent elles pas et engloutissent des sommes pharamineuses avec ceux que l’on peut appeler aujourd’hui des mercenaires ?

Les récents exemples de la RDC, (Hector Cuper), du Cameroun (Paul Put), de l’Afrique du Sud (Hugo Broos), du Mozambique (Horácio Gonçalves) ou encore du Togo (Paolo Duarte) en témoignent. Sans compter ceux solidement installés sur le Continent, et en poste qui continuent par figurer sur des shorts listes dès qu’il y a Avis à Manifestation d’intérêt.

Sur l’ensemble des équipes qualifiées pour la prochaine édition de la CAN au Cameroun, à peine 8 , Algérie, Burkina, Comores, Egypte, Ethiopie, Guinée Bissau, Sénégal, Tunisie auront un local sur le banc.

Quoiqu’il en soit, personne ne défendra mieux leurs intérêts que les techniciens africains eux-mêmes, tant les enjeux dépassent largement la sphère du football….

Finalement, la désignation des sélectionneurs implique bien plus d’acteurs que l’on ne croit ; des chancelleries, aux journalistes, en passant par les sponsors et autres lobbies, la liste est longue.

PatDogb.

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