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Rédigé par 16 h 16 min Sport, Volleyball

Volleyball / Togo : Akpé Marguerite Diabo, une vie au service du volleyball

Dans sa page régulièrement consacrée aux vieilles gloires du Togo, ahouevinfo.tg a rencontré pour vous Akpé Marguerite Diabo, une des pionnières du volleyball togolais.

Ahouevi : Pouvez-vous vous présenter à nos auditeurs ?

AMD : Je me nomme Akpé Marguerite Diabo (AMD) épouse Kandé

Ahouevi : Vous avez été une grande sportive du Togo. Dites-nous quel a été votre sport de prédilection et quel poste occupiez-vous ?

AMD : Effectivement nous avons beaucoup joué par le passé dans l’équipe universitaire, l’équipe nationale du Togo. J’ai le plus évolué en Volley-ball, sinon j’ai eu à faire toutes les disciplines (le basketball, le handball, la natation, le tennis de table). Bref, j’ai touché pratiquement à tout ce qui est un sport de jeu. Toutefois, c’est au volleyball que j’ai eu à porter le maillot de l’équipe nationale.

Mon poste de prédilection, j’étais passeuse comme on le disait dans le temps. Il y a les attaquantes, celles qui sont de grande taille et moi j’étais passeuse en raison de ma taille.

Ahouevi : Etes-vous toujours restée dans le milieu sportif ? Que faites-vous ? Quelles sont vos occupations actuelles ?

AMD : Aujourd’hui je suis une jeune retraitée depuis mes 60 ans, il y a 2 ans aujourd’hui, je rends grâce à Dieu. La retraite c’est sur tous les plans. J’étais une grande syndicaliste, je me suis retirée aussi. Sur le plan sportif si on a besoin de moi on m’appelle je vais mais sinon j’ai pris ma retraite aussi. Je ne suis plus dans les stades comme dans le temps. Je me repose. Maintenant je m’adonne beaucoup plus à l’église car c’est ce que j’avais prévu. J’avais toujours dit que mon troisième âge je le consacrerai à l’église et c’est ce que je fais parce que dans le temps je n’avais pas beaucoup de temps j’ai beaucoup milité sur le plan syndical, sur le plan sportif et j’ai beaucoup voyagé aussi donc je n’avais pas eu beaucoup de temps pour l’église. Je me suis promis qu’à la retraite, je me consacrerai à mon Seigneur, à mon créateur et c’est ce que je fais actuellement.

Ahouevi : Parlez-nous un peu de votre carrière ?

AMD : Parler de ma carrière qu’est-ce que je pourrais dire ? Que j’ai consacré toute ma jeunesse au sport que j’aime, que j’aimais beaucoup, que j’aime toujours beaucoup. Déjà à l’âge de 11 ans dès que j’ai commencé le collège au collège protestant de Lomé Tokoin, tout de suite j’ai intégré l’équipe de volley-ball. J’ai appris à faire les premières balles de touche. Ensuite j’ai évolué jusqu’à l’université et on faisait partie de l’équipe universitaire. On a compéti au niveau régional, international sur le plan africain et donc pour l’Université de Lomé en ce temps-là c’était l’université du Bénin et donc j’ai pratiquement tout fait jusqu’à l’équipe nationale même quand j’ai commencé mon travail au niveau de la compagnie multinationales Air Afrique qui m’a un peu éloigné du milieu sportif. A mes heures libres, je venais au stade pour jouer. On a essayé de créer les vieilles gloires, une équipe où on se retrouvait pour jouer un peu. C’est pratiquement comme cela que j’ai consacré toute ma vie active au sport. Depuis l’âge de 11 ans jusqu’à la cinquantaine j’ai été très active au niveau du sport mais surtout au volley-ball.

Ahouevi : Quel a été le plus beau souvenir de votre carrière sportive ?

AMD : Les plus beaux souvenirs il y en a tellement. Toute une carrière dans le sport il y en a tellement mais je me rappelle tout de suite que vous me posez la question, de la rencontre qu’on a eu à Nairobi au Kenya quand on avait eu à jouer contre une équipe malgache. Les Malgaches sont de taille courte, les smasheuses, les attaquantes elles étaient toutes comme moi de ma taille donc pour nous tout de suite quand on les avait vu on s’est dit oh là là on va les massacrer parce que nos attaquantes étaient tellement grandes de taille. Mais une fois sur le terrain, les choses ont rapidement changé. C’étaient des malgaches très rapides et on ne voyait plus rien. Elles nous avaient tellement surprises. C’était une première de voir cela, on n’avait pas cru qu’elles pouvaient nous battre sur un score fleuve de trois sets à zéro. C’est peut-être un mauvais souvenir mais quand même un bon parce que j’étais surprise. Sinon les beaux moments où on a eu à gagner des trophées, des médailles et tout, c’était toujours plein de bonheur, plein de joie. Pour nous que ça soit au Ghana, au Nigeria, un peu partout dans l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale c’était toujours avec plaisir qu’on revenait avec un trophée. Les beaux souvenirs il y en a mais, tout de suite c’est ce qui me vient à l’esprit. Surtout les Malgaches que je revois encore et qui nous avaient bien malmenées sur le terrain à Nairobi. Merci

Ahouevi : Quel a été le plus mauvais souvenir de votre carrière sportive ?

AMD : Mon mauvais souvenir, tout de suite je pense à quand j’ai été sanctionnée par nos dirigeants d’alors parce que j’ai eu à faire une interview pour le journal Akuwa (journal africain, un magazine de femme). C’était avec la journaliste Ayodélé Aguiar. C’était dans les années 77. Les dirigeants de la fédération n’avaient pas du tout apprécié parce que je devais avoir leur accord avant de faire cette interview. Ils m’avaient donc suspendu je crois pour 6 mois mais après ils étaient obligés de me rappeler parce que on avait une compétition en vue. Ils avaient besoin de moi donc voilà tout était rentré dans l’ordre. Ils m’ont rappelé pour pouvoir jouer dans l’équipe nationale. C’est quelque chose qui m’a marqué aussi et c’est resté là en moi. Je me suis dit que c’est un sport que j’adore donc il faut que je revienne pour jouer pour l’équipe nationale et démontrer ce que je sais faire. Peut-être que je vais retrouver le journal dans lequel il y a mon interview parce que je l’ai gardé précieusement. C’était donc ma première interview qui m’a causé ce problème.

Ahouevi : Que pensez-vous du niveau actuel du sport togolais ?

AMD : Il faut dire que le sport togolais dans un certain sens a beaucoup évolué. Ce n’était pas ce qu’on avait connu en nos temps. Seulement ce que j’ai déploré en tant que première vice-présidente de la fédération Togolaise de volley-ball il y a quelques années c’est que les enfants étaient trop préoccupés par l’argent, les moyens financiers. Les enfants tant qu’il n’y avait pas d’argent ne voulaient plus fournir d’efforts. Alors que nous, le volley-ball, on l’a pratiqué avec tout l’amour qu’on avait. Du fond de nos cœurs nous nous étions donnés pour le sport en général et surtout de volley-ball en particulier. Maintenant moi, je ne me suis plus approché de la fédération ça fait quelques années mais à les voir de loin, j’apprécie l’effort que les jeunes filles fournissent surtout ma jeune sœur, la cadette, Nathalie. Vraiment qui nous a fait honneur avec la représentativité au niveau africain comme internationale. Je suis vraiment fière d’elle. Elle a vraiment pris la relève et c’est avec fierté que je parle d’elle. Et c’est ce que j’aimerais que toute jeune fille fasse pour la relève. En général, on peut dire que le sport togolais a beaucoup évolué et on prie pour que les choses repartent encore plus haut que cela et que le ministère des sports mette vraiment le paquet pour que les sports de main aussi puissent aller plus haut. Pas seulement que le football, les jeux de main aussi en ont vraiment besoin. Nous, on a eu à vivre l’expérience quand on faisait nos voyages dans le temps pour les compétitions internationales, les jeux de main rapportaient toujours beaucoup de médailles. Je crois qu’il faudrait que nos autorités et le ministère des sports pensent à aider aussi les sports de main pour vraiment les propulser plus haut.

Ahouevi : Quel serait votre message à l’endroit des jeunes joueurs et des autorités ?

AMD : Il faudrait que vraiment on s’adonne à cela. C’est quelque chose qu’on aime. Nous, le sport, on l’avait vraiment aimé. Dans le temps nos parents nous menaçaient avec le sport. Pour eux, si tu n’étudies pas, tu es privé de sport. Donc pour pouvoir faire le sport on était obligé de travailler aussi à l’école et à la maison et comme ça nous avons l’autorisation d’aller au sport.   Je me rappelle et peut être que ce sont de bons souvenirs aussi et peut-être que les autorités peuvent encore revenir là-dessus aussi. Quand on était je crois en première et en terminale, le ministère nous soutenait. On nous prenait en charge puisqu’avec nos voyages, il fallait des répétiteurs et des cours de rattrapage pour être à jour et pouvoir aller aux différents examens. Dans ma génération par exemple, il y a plusieurs qui ont fini par devenir médecin, avocat, etc. puisqu’on avait pratiquement tous fait l’Université. C’était vraiment une bonne chose et je crois qu’il faudrait vraiment que les dirigeants mettent le paquet au niveau des jeunes qui veulent s’adonner au sport pour que les enfants puissent faire les deux (le sport et les études). Je pense qu’ils auraient beaucoup à y gagner. C’est donc ce que moi je pense qu’on pourrait conseiller aux autorités et aux joueurs.

Ahouevi : Vous sembler maintenant loin du volley-ball. Qu’en dites-vous ?

AMD : Au fait les gens ne savent pas si je suis au pays (Togo) ou pas. Sinon avant quand on avait l’équipe des vieilles gloires de temps à autre les gens venaient me poser des questions. Mais depuis que je ne suis plus trop présente dans les stades, les gens ignorent que je suis toujours au pays. Ce qui m’a fait plaisir c’est qu’actuellement on a une plateforme des anciens joueurs et joueuses de volley-ball et très souvent on essaye d’échanger nos points de vue sur tous les évènements (heureux ou malheureux et tout). Vu que nous prenons de l’âge aussi on prend des nouvelles des uns et des autres. Je pense que c’est une bonne chose et pour cela je remercie monsieur Babanawo  (alias gaucher) que je salue en passant,  qui a eu cette initiative Merci

Ahouevi : le mot de la fin ?

AMD : Pour mon mot de la fin, c’est souhaiter vraiment que les jeunes garçons comme les jeunes filles s’adonnent vraiment au sport (aux activités sportives) parce que c’est quelque chose qui épanoui l’être, l’homme. Plutôt que de s’adonner à des choses qui ne mènent nulle part et qui nuisent à l’homme, le sport au contraire construit et épanoui la personnalité de l’individu.  J’exhorte surtout les jeunes filles parce que depuis toujours elles ont peur de s’adonner au sport parce que voilà on veut faire le chichi, on ne veut pas gâter ses doigts alors qu’au fond ce n’est pas ça. Je les encourage vraiment à faire beaucoup de sport car cela fait du bien. Je ne peux que les soutenir et je ne peux que remercier les autorités pour tout ce qu’elles font pour la jeunesse Togolaise.  Je crois qu’elles doivent encore faire beaucoup plus parce qu’on a des talents dans le pays. C’est parce qu’il n’y a pas des activités sportives pour sillonner le pays comme il le faut pour détecter les talents. Nous on a bénéficié de ces atouts. Grâce à l’association des sports scolaires et universitaires Togolais dans le temps, on faisait des activités dans les régions et on détectait les jeunes talents pour constituer l’équipe nationale et tout.  C’est dans ce cadre qu’on nous avait déniché pour venir composer l’équipe nationale. On était les premières à former l’équipe nationale. On avait dans le temps un entraîneur étranger et c’était vraiment formidable. Nous avions eu aussi des entraîneurs nationaux. C’était vraiment très bien et il faut encourager les autorités et l’Etat à privilégier ces genres d’initiative au niveau national.

Ahouevi : Merci pour votre disponibilité

AMD : C’est moi plutôt qui vous remercie d’avoir pensé à nous et à moi personnellement pour cette interview. Merci et bonne journée.

Propos recueillis par Tony Dee et retranscrits par Agbo Love.

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