Dans sa mission de faire connaitre les anciennes gloires du sport togolais, ahouevi s’est entretenu cette semaine avec Wilson Godwin Toto. Comme bon nombre d’anciens sportifs togolais il était polyvalent, et plus de 40 ans après, sa passion et son dévouement pour la cause du sport restent intacts.
Ahouevi : Wilson Godwin Toto (WGT), vous avez été à la fois footballeur et handballeur ?
WGT : Avant de vous parler de mon parcours dans le handball, je tiens à préciser que je suis footballeur. J’ai commencé dès le cours primaire dans mon quartier Anagokomé aux côtés des frères Pindra, Ajavon, Labissi, de Souza (de l’Unisport) au sein du club des Rangers. En 1962, je suis arrivé à Agou pour continuer mes études. Jusqu’en 1964, j’étais devenu le gardien de buts au sein du club Caïman de la localité. J’ai rejoint mon père alors gérant de l’UAC à Kpalimé. De 1964 à 1966, j’ai gardé les buts de l’étoile filante de Kpalimé. De 1966 à 1968, j’ai arboré les couleurs du Standard d’Aného comme gardien de buts.
Après ce parcours, j’ai raccroché avec le football pour devenir secrétaire général de la formation FC la Semeuse qui est devenu plus tard en 2002, Tigre Noir Zéphyr. J’ai aussi fait partie de la ligue de football de Lomé durant quatre mandats (de 1998 à 2002, de 2002 à 2006 et de 2006 à 2011) aux côtés de plusieurs présidents dont Togbui Kpalikpatcho. Je suis toujours dans le football et actuellement membre du district numéro 5 où je suis dans mon troisième mandat de 2006 à 2018 et jusqu’à ce jour.
Ahouevi : Comment êtes-vous arrivé au handball ?
WGT : Je suis arrivé au handball en 1969 suite à l’appel de mon papa qui était alors membre de l’association Fraternité de Badougbé. Puis, suite à la création des Curiaces, nous avons été appelés pour être la deuxième équipe de Lomé de handball. Ainsi, de 1969 à 1973, j’étais joueur, capitaine et entraineur de Fraternité handball club.
De 1974 à 1978, il y a eu les réformes qui ont amené à la création des clubs Lomé 1, Lomé 2, Lomé 3 dont j’ai fait partie également comme joueur et capitaine. De 1978 à 1989, l’actualisation de la réforme avec de nouvelles équipes. Après cet épisode, en 1990 la Fraternité était revenue sous une nouvelle version et j’étais le secrétaire général de ce club.
Au niveau de l’équipe nationale, j’ai été joueur pour plusieurs compétitions africaines au Bénin, en Côte d’ivoire, au Burkina-Faso, au Nigéria. Ma dernière sélection fut celle de la CAN en septembre 1974 en Tunisie à cause de mon emploi. Après ce voyage, je devrais à la demande de mon patron choisir entre le jeu et le travail puisque j’étais employé d’une compagnie privée PARISCOA. Je n’avais en fait pas le choix… Après ma carrière de joueur, j’ai été membre du bureau exécutif de la fédération togolaise de handball pendant quatre mandats de 1986 à 2002 à divers postes.
Ahouevi : Quel a été le meilleur souvenir de votre carrière ?
WGT : Mon meilleur souvenir est la victoire du Togo face au Cameroun en 1973 au deuxième jeux africains de Lagos. Nous avions battu les camerounais avec un but d’écart qui les élimina de la compétition. Les camerounais avaient eu très mal puisque nous étions dans la même poule que l’Algérie et la Tunisie. Il faut rappeler que nous avions perdu nos deux premières rencontres contre l’Algérie et la Tunisie et pour la dernière sortie, nous nous sommes dit que la compétition devrait être couronnée par une victoire, ce qui fut fait.
Ahouevi : Quel a été votre adversaire le plus redoutable ?
WGT : Au plan national, c’était les Curiaces avec un intraitable Gabiam Jacques dans les buts qui nous donnait beaucoup de fil à retordre. Au plan continental, c’est l’Algérie qui était la formation la plus difficile à jouer surtout lors de ces deuxièmes jeux africains de Lagos.
Ahouevi : Quel est le plus grand regret de votre carrière ?
WGT : le plus grand regret de ma carrière c’est la défaite de mon club Lomé 3 contre Entente 2 lors de la finale du tournoi du centenaire des Allemands. Alors que nous menions avec trois buts d’écart, l’Entente 2 est revenue au score et nous a planté un couteau dans le dos avec un but qui nous élimine.
Ahouevi : Que pensez-vous du handball togolais aujourd’hui ?
WGT : Il faut dire qu’après ma retraite au handball, j’étais plutôt aux côtés du football. Cela fait que je vais rarement au handball mais les quelques fois où j’étais passé là j’avoue que j’ai été déçu par les prestations. Car à chaque fois que j’y vais-je ne découvre aucun mystère. L’effort de notre temps n’est pas le même aujourd’hui. Les jeunes jouent certes mais il y a trop de fantaisies dans leur jeu. Ils jouent donc pour les spectateurs contrairement à nous qui au cours de notre carrière jouions pour nous même et notre équipe. Nous nous bâtions pour avoir la victoire. Je pense que le niveau du handball est actuellement très bas.
Ahouevi : Quels conseils donnez-vous pour la rehausse du handball togolais ?
WGT : Pour que le handball remonte, il faut d’abord une discipline au niveau des joueurs (aller régulièrement aux entraînements, travailler comme il se doit, être soumis à ce que les dirigeants et les entraineurs techniques disent). Aussi et surtout que la fédération elle-même ne se déchire plus parce que pour ces deux derniers mandats, les membres de la fédération ne s’entendent pas et plusieurs faits relatés n’honorent pas notre fédération.
Ce que nous avons fait en étant à la fédération est complètement différent de ce qui s’y fait aujourd’hui. Pour donc remonter le handball togolais, il faut endiguer tous ces maux et enrailler toutes ces divergences et voir plus loin.
Ahouevi : Votre conclusion ?
WGT : Je tiens à vous remercier pour ce que vous faites pour les sportifs togolais surtout pour éveiller les souvenirs et célébrer les vieilles gloires du sport togolais. Je vous encourage, vous êtes sur la bonne voie, bonne chance pour la suite.
Propos recueillis par Tony Dee et transcrits par Agbo Love.
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