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Rédigé par 2 h 13 min Football, Sport

Football / Ndjiké Mayé : nous avions joué sans rien gagner en retour. Nous avions joué pour le Plaisir.

Nous vous proposons cette semaine la 2è partie de la longue interview que N’djiké Mayé, l’ancien gardien de but international du Togo a accordé à ahouevinfo.tg

Ahouevi : Parlez-nous un peu de la Modèle de Lomé

Mayé : A la Modèle, j’avais une équipe avec les entraîneurs Ayivi Charles et Charles Ahlonko. Il y avait des coéquipiers comme, Aguiyar Julien, Peter Ali Alassane, Geraldo Ambroise, Ohin Anyaku, Hunkpati Ressort, Lawson Jean, Sodjinssi Williams, Adokpor Honoré, Ohin Vincent, Apampa Ramanou, etc… avec mon grand frère Barrigah comme le gardien réserviste.

J’étais admiré par tout le monde. En équipe nationale, l’ambiance était aussi bonne. Après la qualification pour la CAN 1972, nous étions trois gardiens de but.

Après confirmation du président de la fédération et de mon entraîneur, j’ai été surpris de n’avoir pas été dans la sélection qui voyageait pour Yaoundé. C’est ainsi que l’équipe a voyagé avec deux gardiens de but pour cette compétition Intercontinentale. De retour, Tommy Sylvestre est parti en Côte d’Ivoire et c’est moi qui suis resté et l’ai remplacé directement.

De 1972 jusqu’en 1976 avant mon départ avec Doamékpo Jerôme comme remplaçant. Nous étions heureux, et avions joué aux côtés de plusieurs anciens sans rien gagner en retour. Nous avions joué pour le Plaisir.

Ahouevi : Quels sont les meilleurs souvenirs de votre carrière ?

Mayé : Sans vous mentir tous les matchs que j’ai eu à faire avec la Modèle à Lomé, ici comme à l’extérieur, ont été couronnés de succès sauf une rencontre en 1972 contre Dyto avec un score de 4 buts partout. A l’extérieur, au Sénégal par exemple j’ai été très apprécié là-bas. Lors d’une rencontre de la Modèle contre ASFA du Sénégal, j’ai sauvé trois penalties sifflés contre nous alors que nous menions par 2 buts à 0.  C’est une ambiance pareille au Cameroun, au Libéria, au Gabon. J’ai donc eu beaucoup de souvenirs que je ne peux pas oublier surtout sur les penalties où j’étais intraitable.

Pendant mon passage à la Modèle, nous avons toujours Champions, trois fois de suite de 1971 à 1973, ce n’est pas donné à tout le monde. En 1974, c’est au retour d’un match de club champions à Abidjan l’on nous apprenait que toutes les équipes du Togo sont dissoutes.

Ensuite, quand je suis arrivé au Gabon en janvier 1977, j’ai été trois fois champion, aussi. Et voilà des choses qui sont restées dans ma mémoire.

Ahouevi : Des mauvais souvenirs ?

Mayé : lI n’y en a pas eu beaucoup. Mais, celui qui me hante le plus encore, c’était le match Togo – Guinée. Nous avions perdu le match aller en Guinée lors des éliminatoires de la CAN. Au match retour à Lomé, alors même que je voulais vite relancer le jeu avec une balle qui venait à ras de terre, j’ai passé mon temps à vouloir surveiller et le ballon et le partenaire à qui relancer au même moment. Et, au moment de me baisser pour prendre le ballon, il était déjà dans les buts. Voilà donc un mauvais souvenir qui ne me quitte jamais l’esprit.

En second lieu, en 1974, nous étions en Chine. Je n’ai rien compris, je n’étais pas moi-même, j’ai disputé trois matchs sur six avec des buts incompréhensibles. Enfin, au Gabon, avec la sélection gabonaise alors que j’étais arrivé aux Anges A.B.C en 77, j’étais joueur et enseignant au Lycée national.

Le lycée avait une équipe civile et une militaire et moi je jouais au sein de celle civile avec Apampa, Abou et Konaté un Sénégalais. Nous avions joué contre une équipe dénommée ‘’le reste du monde’’ (une équipe des Africains qui vivaient en Europe). C’était un match nocturne, Roger Milla a tiré une balle très haute qui se perdait dans la lumière du projecteur qui a fini dans mes cages et heureusement l’arbitre avait refusé le but pour hors-jeu.

Ahouevi : Que regrettez-vous le plus dans votre carrière ?

Mayé : Je n’ai pas du tout de regrets. Bien au contraire, le football m’a rendu beaucoup de services. Au Togo ici, le football m’a ouvert plusieurs portes. Sans le football je ne serai pas aller au Gabon pour y vivre jusqu’à ma retraite. Je suis fier d’être footballeur, d’avoir joué au ballon. Mais je demande aux dirigeants de s’occuper un peu des footballeurs qui font leurs clubs.

Un joueur qui tombe malade ou se blesse, que les dirigeants puissent prendre soin de lui comme leur propre enfant. Par exemple moi, en tant que gardien de but je me suis blessé au cours d’un match international Togo-Mali au genou et on ne s’est pas occupé de moi.

Un mal que j’ai traîné lors des séances et matchs. En 1976, à ma grande surprise, l’équipe a été renouvelée à 99 %. Ils ont laissé partir les grands joueurs comme de Souza, Agbala, Fiati, Geraldo, sauf Hunkpati Ressort et moi. Ils ont fait venir les joueurs comme Apampa, Adama, Amouzougan, Amétépé. Lors d’une séance d’entraînement, mon mal a resurgi.

Après consultation du médecin, ce dernier me fait savoir que « on ne peut pas me soigner ici à Lomé. C’est seulement en Europe que cela pourra se faire à des coûts de millions avec lequel on peut faire marcher toute l’équipe nationale ».  J’ai fondu en larmes, et de retour au campement j’ai plié bagage et je suis rentré chez moi sans plus jamais revenir.

Après des tentatives échouées de quitter le pays, j’ai réussi à passer par le Ghana, Abidjan pour le Gabon. Tout ceci fait partie de mes regrets. Ce mal au genou auquel s’ajoute celui du dos sont aujourd’hui mon plus grand regret. Je continue par bouger mais le mal est toujours là.

(Suite et dernière partie dans nos prochaines publications).

https://www.ahouevi.net/football-ndjike-maye-nous-avions-joue-sans-rien-gagner-en-retour-nous-avions-joue-pour-le-plaisir/

 

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